Siège de l'entreprise Lazarus

Gloria sortit de sa voiture et entra d'un pas décidé dans le hall. Elle ignora les employés qui lui demandèrent de patienter ou qui lui proposèrent de prendre son manteau.
Ses talons résonnaient sur le marbre. Elle s'arrêta au guichet d'une secrétaire.

"Je veux voir Mr Dante Höhle... Maintenant !"

Elle frappa le bureau de la main, et le tapota du bout des doigts en un geste impatient. Alors ça ! Ca n'allait pas se passer comme ça !

"Allez ! Dépêchez-vous !"

La pauvre secrétaire bafouillait et se confondait en excuse. Mr Höhle n'était pas là. Il était en voyage, et elle ne savait pas quand il reviendrait, ni où il était partie.

"Alors ça c'est la cerise sur le gateau ! Vous ne savez même pas où est votre patron ! A sa place, je vous aurais renvoyée !"

Elle réfléchit un instant. Que pouvait-il bien faire actuellement ? Elle tira nerveusement sur sa cigarette. Il fallait qu'elle lui parle immédiatement. Elle n'avait pas que celà à faire !

Dante, encore sous le coup de la perte de son vieil ami, revenait à Disith. Il avait reçu un télégramme l'informant qu'une certaine Gloria cherchait absolument à le joindre. Aussi étudiait il les informations qu'il avait réussi à rassembler sur cette femme. Le capitaine du zeppelin vint l'informer qu'ils arrivaient à Disith. Une fois les manoeuvres d'accostage effectuées, le propriétaire un dirigeable put se rendre au siège de sa compagnie. Une liaison télégraphique avait prévenu les locaux de son arrivée imminente. Il monta dans une voiture et donna des instructions pour se rendre rapidement dans ses locaux...

Elle fulminait. Elle n'aimait vraiment pas qu'on la contredise dans ses plans. Et cet imbécile de Höhle, venait de le faire. Et ça n'allait pas se passer comme ça.

"Madame..."

"Mademoiselle !" corrigea-t-elle.

"Euh, oui, pardon... Mademoiselle... Mr Höhle arrivera dans un instant, si vous voulez bien suivre le jeune homme, il va vous conduire dans son bureau."

"Ce n'est pas trop tôt !"

Elle ne remercia pas la jeune fille. Elle suivit l'employé dans l'ascenseur, puis dans le bureau de Dante.
Là, on lui prit son manteau et on la fit s'asseoir dans un fauteuil. Elle se plongea dans la contemplation du bureau, tout en terminant sa cigarette.
Elle était vêtue d'une sobre robe noire, une sorte de tailleur, mais en version de l'époque. Elle avait coiffé ses cheveux en chignon et avait mis une bague un argent, très fin, très luxueux.
Peu de temps après Mr Dante Höhle entra. Elle se leva et tendit la main.

"Bonjour Mr. Höhle."

Dante adressa un regard vers la jeune femme, la détaillant rapidement, puis pris la main tendu vers lui afin d'y faire un rapide baise main. Il ôta ensuite son manteau et son haut de forme. Il portait un costume sombre et sobre, d'une coupe excellente et d'un tissu de bonne qualité. Il alla directement s'asseoir derrière son bureau et se mit à ouvrir le courrier qu'on lui avait adressé. Une fois qu'il eut consulté quelques télégrammes, il leva les yeux vers on hôte, qui visiblement s'impatientait. Il repoussa les missives et s'enfonça dans son fauteuil, plantant son regard froid dans celui bouillant d'impatience de la femme.

"Que puis je faire pour vous, Mademoiselle..."

Il fit mine de ne pas se souvenir de son nom, tout en croisant ses mains.

Elle soupira.

"Fowl... Mademoiselle Gloria Fowl. Je dirige l'entreprise Fowl Plush, spécialisée dans les produits de luxe."

Elle croisa les jambes et alluma une nouvelle cigarette. Décidemment elle était très énervée. On avait contrecarré ses plans. Elle détestait celà au plus haut point.
D'un coup elle se calma, laissant un sourire éclairer son visage.

"Cher Monsier Höhle. On m'a dit... On m'a dit que vous aviez racheté le grand magasine de mode "Vogue"..."

Elle tira sur sa cigarette.

"C'est une excellente affaire, mais... une chose me froisse voyez-vous... A quoi celà peut-il bien vous servir ?"

C'est vrai, il était déjà plein aux as, et la mode ne faisait pas partie de ses spécialités. De plus, ce magazine. C'était ELLE qui devait l'acheter. Elle devait même confirmer l'achat cet après-midi même, avec la créatrice de la revue ! Et ce cher Dante, se permettait de lui voler ! Sous le nez en plus ! Et celà la mettait dans un rage folle.

"Le magazine Vogue dites vous ?"

Il chercha dans ses dossiers et retrouva la trace du contrat.

"Ah oui, en effet, ce magazine m'appartient depuis hier au soir, du moins d'après cet acte. En quoi cette affaire vous intéresse-t-elle ?"

Il se remit à la fixer droit dans les yeux, cette femme l'intriguait, elle avait fait preuve d'un certains culot en forçant le passage pour le voir. Il se doutait bien de la raison pour laquelle elle s'intéressait à l'affaire, il connaissait la société Fowl Plush, une petite société qui avait subitement pris de l'importance depuis que cette femme en était la dirigeante.

"Le magazine le plus important en matière de mode dans le pays, m'interesse puisque, je viens de le dire, mon entreprise fais partie de la mode, et que celà me serait favorable."

Elle ne comprenait pas vraiment son petit manège. Même s'il faisait partie d'une des entreprises les plus florissantes du monde, rares étaient ceux qui ne connaissaient pas Fowl Plush.
Il savait donc parfaitement pourquoi elle voulait ce magazine.

"Je voudrais donc savoir pourquoi vous avez racheté ce magazine, et s'il était possible que je vous le rachète. J'ai bien évidemment de quoi payer."

Elle ne baissa pas le regard quand il la fixa. Elle prit une nouvelle bouffée de cigarette.

"Ne vous faites pas plus stupide que vous l'êtes, vous savez très bien pourquoi je veux cette revue. C'est évident non ?!"

Et voilà, elle s'énervait de nouveau.

Il eut un sourire amusé devant le fait que la jeune femme s'énervait devant lui. Oui il savait bien qu'elle essayait de fonder un empire commercial sur le domaine du luxe.

"Je connais pertinemment les activités de votre entreprise... Je n'ai en effet pas grande utilité à garder ce magazine parmis mes possessions, combien me proposez vous pour son rachat ?"

Il comptait bien faire un bon bénéfice en revendant ce journal, il n'avait seulement pas prévu de le revendre si tôt.

Son sourire l'énervait encore plus, mais elle se contrôla. Elle allait avoir ce qu'elle voulait non ? C'était un peu trop facile tout de même, elle resta méfiante. Elle se leva et lui proposa un prix à l'oreille. Elle n'aimait pas parler gros chiffre très fort, celà attirait suffisamment les convoitises pour en rajouter.
Elle se rassit sur la fauteuil avec un sourire satisfait. Elle allait enfin aoiv r ce qu'elle voulait.
Elle n'avait pas proposé beaucoup plus, elle savait qu'il voudrait faire un bénéfice, mais, si son argent n'était pas compté, elle voulait quand même investir ailleurs que dans ce magazine.

"Alors ?"

Elle écrasa sa cigarette dans un cendrier sur le bureau.

Il fit mine de réfléchir, elle ne lui avait pas proposer beaucoup plus que son prix d'achat, c'est alors que l'un de ses employés fit poliement irruption dans le bureau. Celui ci lui amenait un télégramme en provenance de l'île Tordue. Il ouvrit la missive sans attendre, congédiant l'employé poliement. Dans le télégramme, il était écrit que l'extraction dans les ruines avait été mené à bien et que le colis était en route pour Akmar, au siège centrale de la compagnie. Un enorme sourire de satisfaction pu se lire sur son visage, le faisant plutôt apparaitre comme un vampire qu'autre chose.

Ne faisant pas preuve d'une grande curiosité, mais plutot d'une certaine impatience, elle tapota des doigts sur le bureau. Ses dents de vampire ne lui fit aucun effet, elle le savait déjà. Elle savait beaucoup de choses sur lui. Du moins ce qu'on laisse entendre sur sa personne.

"Alors ?" répéta-t-elle.

Elle n'avait pas que ça à faire. Il lui restait plusieurs entreprises à visiter, dont une en révolte demandant un salaire plus grand. Non, mais, ces grèves inutiles, qui commençaient, elle en avait déjà marre. Une mode... Le genre qu'on n'aime guère.

Il reconcentra son attention sur la jeune personne qu'il avait en face de lui.

"Alors, votre prix ne me convient pas. Mais si vous voulez en rediscuter, nous le feront soit devant un bon repas, soit en compagnie de nos hommes de lois respectifs."

Contrairement à elle, il dit tout cela sur un ton des plus neutres, n'accordant pas vraiment d'importance au signes d'impatience que la femme manifestait. Il se leva néanmoins de son fauteuil et alla se placer prés de la jeune femme.

"Personnellement, je préfèrerait la première option, mais si vous n'en avez pas le temps, je le comprendrait."

Elle se leva à son tour et lui souffla à l'oreille.

"Ce soir, 19h, chez moi ? Il n'y aurait que vous, mon cuisinier et moi."

Elle lui passa une carte avec son adresse inscrite dessus.
Elle allait appeler l'ex-directrice du journal pour lui donner de ses nouvelles.
Elle n'allait tout de même pas offrir des milliards pour ce fichu magazine !
Elle lui fit un sourire charmeur. Elle se doutait que ça ne lui ferait pas grand-chose, mais autant essayer.

"Effectivement je n'ai pas de temps, mais mieux vaut que celà se passe bien, qui sait, peut-être auront nous encore l'occasion de faire affaire. En tout cas ce sera avec plaisir."

Elle mima une moue désolée.

"Pardonnez-moi de m'être énervée, vous savez peut-être ce que c'est le stress, et puis je n'aime pas spécialement les imprévus."

"Bien j'apporterais du champagne."

Il la regarda lui faire son sourire charmeur, mais resta impassible. Ce ne fut que lorsqu'elle s'excusa de s'être montrée nerveuse, qu'il répondit.

"Ce n'est rien, gérer une entreprise importante n'est pas facile, je le sais bien."

Il lui vola une main et y déposa un baiser, avant d'ouvrir la porte de son bureau.

"Je vous dit donc à ce soir, Mademoiselle."

"Merci bien, à ce soir."

Comme elle s'y attendait, son charme n'avait pas fonctionné. Ce n'était pas grave, elle avait bien d'autres tour à lui jouer, afin d'avoir ce qu'elle voulait. Il lui fit un baise-main courtois et elle s'en alla, raccompagnée par l'un des employés.
Sa voiture l'attendait à l'endroit même où elle l'avait laissée. Elle y monta et demanda à rentrer chez elle.
Elle passerait voir ses entreprises un peu plus tard, elle avait un diner à préparer, il fallait qu'il soit parfait. Il fallait que tout soit parfait, elle devait posséder cette revue, entièrement.
Elle se mit à réfléchir. Elle avait dit ne pas vouloir y mettre des milliards, mais elle se remettait en question. Elle le voulait vraiment, et elle ne cédait pas comme ça. Et puis, de l'argent elle en avait...
Oui mais quand même... Ca vous vidait le protefeuille et vous privait d'investissement pendant un certain temps.
Elle recommençait à s'énerver. Elle alluma pour une énième fois dans la matinée une cigarette, de manière nerveuse.
Enfin, elle arriva chez elle, dans son immense propriété privée, légèrement en retrait de la ville.

Il regarda la jeune femme partir d'un pas assuré hors de son bureau. Il se prit à sourire alors qu'il se demandait sur quel genre de personne il était tombé là. Quoi qu'il en soit, il reprit le cours de sa journée de travail, épluchant les rapport sur les activités de ses entreprises. Puis il re-songea à la sphère d'énergie qu'il venait de faire extraire de l'île tordue. Bientôt, tout cela serait analysé dans les laboratoires de sa compagnie à Akmar...

La soirée arriva rapidement, il demanda à un de ses employés de lui apporter de quoi se changer, et d'aller prendre une bouteille de sa meilleure cuvée. Après cela, une fois prêt, il se dirigea vers sa voiture et alla en direction de la propriété de sa future acquéreuse.